REVA, La ville de demain

Depuis des années et même des centaines d’années, les modes de vie n’ont cessé de changer, ils évoluent et se diversifient, cherchant à améliorer notre quotidien sans en calculer les conséquences, et, aujourd’hui, plus que jamais, la ville témoigne de ces transformations, en étant le miroir de son passé. En effet, les Hommes n’ont cessé d’imaginer et de tester des manières qui permettent de transformer, faire évoluer leur quotidien : la ville est ainsi devenue un terrain d’expérimentation. À l’heure actuelle, certaines problématiques sont devenues essentielles pour permettre d’envisager un futur en ville. Mais quelles sont ces questions indispensables ? Certaines concernent les changements climatiques actuels, avec les accords de Paris notamment, d’autres s’attardent sur la société en ville, qui change et qui évolue avec notamment cette expression de Pierre Béarn « Métro, boulot, dodo ». Pour certains encore, elles concernent l’organisation des espaces et des transports qui reste essentielle. Enfin, d’autres se questionnent sur l’égalité dans la ville. Ces interrogations sont les points de départ de mon projet.

Cette recherche, c’est à la fois des questions de société mais aussi d’urbanisme et d’architecture. Grâce à mon parcours, j’ai acquis des compétences tant en graphisme  qu’en design d’espace et d’architecture, deux branches différentes avec pour autant des liens très forts. Mais, ce qui est à l’origine de cette idée c’est le documentaire que j’ai vu sur Auroville, qui m’a interpellée. Il m’a amenée à me poser des questions face à la conjoncture des villes actuelles et sur l’expérimentation urbaine future. L’expérimentation c’est tester quelque chose, en l’occurrence ici faire des recherches et tester autour de la ville, dans son fonctionnement, ses choix et ses préférences. En tant que graphiste, la question de l’identité graphique en ville devait prendre une place tout aussi importante dans mon travail. De ce fait, la problématique au centre de mes recherches concerne donc la question de la ville expérimentale et de la manière dont il est possible de représenter graphiquement son identité.

LES FORMES
Élaboration d’un lexique de formes

Dans un premier temps j’ai répertorié un grand nombre de sociétés expérimentales existantes, afin d’en définir les points positifs et négatifs. Pour cela, j’ai créé une page Wikipédia qui ne cesse d’évoluer. Elle permet aussi à des utilisateurs, d’ajouter des informations supplémentaires à mes recherches.

En effectuant ce classement, j’ai remarqué que plusieurs aspects revenaient souvent. J’ai choisi de classer ces particularités en quatre catégories définies par quatre couleurs.

Sur la base des quatre concepts/couleurs, j’ai repris des éléments de l’architecture qui les imagent afin de créer des formes qui les représentent.

Ici, il s’agit de la ville d’Auroville en Inde. La communauté et la spiritualité sont au centre de tout et on le ressent dans la construction en spirale qui gravite autour du Matrimandir.
Voici un autre exemple : la ville de Gwanggyo en Corée. Pour créer ce projet, les architectes ont tenu compte de l’environnent. L’architecture cherche à imiter les paysages environnant grâce à de drôles de tours végétales.
Mon analyse m’a permis de développer ce lexique de formes. On retrouve ici les quatre couleurs analysées plus tôt.
Les formes étant trop complexes, pour les uniformiser j’ai utilisé un quadrillage. Puis, j'ai ôté toutes les formes courbes pour les simplifier.
Lexique final de formes.

LES FORMES EN VOLUME
Création d’un matériau différent

Ensuite, j’ai cherché une manière d’utiliser ces formes afin de pouvoir les manipuler et élaborer une construction avec elles. Toujours dans l’idée d’expérimentation urbaine, j’ai choisi de créer mon propre matériau sur base de déchets recyclés (surtout végétaux) et de pigments naturels tels que des épices. Avant tout, j’ai fait des tests sur des éléments liquides qui se solidifient une fois secs : argile, terre, béton, résine… ils ne se sont pas forcément montrés concluant.

Les petits cubes sont des essais de couleurs et de matières.

Le but est que chaque type de matières corresponde à l’un des quatre critères vu précédemment (un critère = une couleur = une matière).

C’est grâce à ces essais que j’ai pu développer ma gamme chromatique.

À force d’essais, j’ai trouvé une formule qui me permet de créer des formes de quatre couleurs différentes.

Voici la méthode de construction des formes. J'utilise du silicone, des déchets végétaux réduits en poudre mélangé à des épices ainsi que de la farine. Les petites pièces se déclinent en quatre couleurs différentes.

LE MANIFESTE
Un manifeste propre à chacun

Le manifeste de la ville expérimentale prend la forme d’un « dépliant » que chacun doit remplir au fur et à mesure en suivant une même ligne conductrice.

À l’intérieur de cette édition on retrouve des indications qui concernent des faits où des questionnements sur la création d’une ville future. Ils invitent à suivre un cheminement, à tour de rôle. Le lecteur peut donner son avis et s’exprimer sur certains sujets. Ceux-ci sont basés sur mes analyses de villes expérimentales, effectuées précédemment.

 

Pour élaborer ce manifeste je me suis avant tout basée sur ma gamme chromatique. Ensuite, j’ai construit mon dépliant en prenant pour référence un quadrillage (c’est une des lignes conductrices de mon projet), ici elle sert de grille modulaire. Enfin j’ai repris l’idée de la cartographie, pour le format et les plis.

UN OUTIL PARTICIPATIF

Les formes deviennent le langage graphique de l’expérimentation dans la ville. 

Ainsi, j’ai imaginé un outil participatif qui se base sur les éléments graphiques que j’ai développé. Le but de cet outil, c’est qu’un groupe de personnes imagine sa ville de demain grâce à plusieurs éléments mis à sa disposition. Il créer du dialogue entre les gens.

 

Voici un exemple d'un atelier.
La box permet de ranger les outils. À l'intérieur, on retrouve les formes en volume, les manifestes à compléter, des crayons et des craies réalisées avec les mêmes pigments que les formes.
À la fin, pour garder une trace on peut retranscrire la forme finale en imaginant son petit totem (avec des autocollants fournis dans la box). Des craies (réalisées par mes soins, à base de coquilles d'oeufs et de pigments) sont à disposition pour pouvoir retranscrire le petit symbole créé dans l'espace urbain.
Le choix du nom, fait lien avec les quatre critères, fil conducteur du projet.

ET APRÈS ?

Cet atelier, je l’imagine implanté dans des écoles, des musées où des lieux de partages. Je pense qu’il peut évoluer en imaginant d’autres ateliers complémentaires et supplémentaires.

Aujourd’hui, une ville peut aussi utiliser ce type d’outil pour renforcer la proximité avec ses habitants. De plus, grâce aux informations recueillies , il est possible d’imaginer d’autres questions qui peuvent être d’avantage adaptées aux enfants par exemple.