Nous avons tous une forme différente de sensibilité et nous l’exprimons tous à notre façon. Nous sommes également touchés par telles ou telles choses plus fortement que par d’autres. C’est cette expression de ce qui chamboule l’être humain qui m’a tout particulièrement intéressée. La suite du thème de ce jury est venue d’une phrase qu’un de mes professeurs d’atelier, monsieur Philippe Landrain, m’a dite à un cours : “Essaye de trouver la sensibilité là où on ne s’attend pas à la voir”. C’est de là qu’est partie mon idée d’intégrer le rap à ce travail. Il est ensuite apparu évident que j’allais concentrer mon attention sur le rap français, pour des raisons logiques de compréhension des textes.
Même si ce genre musical a connu une montée en puissance ces dernières années, il reste tout de même un des plus décriés et controversés. Certains rappeurs, qu’ils le soient ou non, parlent cependant bien de leurs émotions et de leur sensibilité dans leurs textes. Le rap est un exutoire pour ces artistes, une manière de partager leurs sentiments, leurs observations et de susciter l’émotion chez le public. Ce qui m’intéresse dans le rap français, au vu de mon travail, est le rapport entre la violence et la sensibilité qu’on y retrouve de manière récurrente, cette vision de la réalité qui est spécifique à chaque artiste. Il m’est moi-même souvent arrivé de me dire en écoutant du rap : “oui, c’est exactement comme ça que je le ressens aussi”.
C’est cette capacité qu’ont certains rappeurs à mettre des mots sur les ressentis qui sera un des éléments central de ce travail.
Introduction
A la base, le concept graphique devait être réalisé dans le cadre d’un projet de design social avec une maison de jeunes. Le lien entre ces jeunes et les rappeurs choisis pour réaliser cette recherche réside dans les étiquettes et les jugements hâtifs dont ils sont trop souvent victimes. Nous en revenons encore une fois à cette relation entre sensibilité et violence, à cette manière parfois brutale, parfois nuancée, parfois imagée d’exprimer les choses et, surtout, à cette sensibilité sur laquelle nous faisons trop souvent l’impasse sans prendre la peine de s’ouvrir soi-même.
Malheureusement, l’année au cours de laquelle a été réalisé ce mémoire, notre monde a connu une grande crise sanitaire. L’arrivée du Coronavirus et le confinement obligatoire dont nous avons tous été victimes a compromis l’expérience que je projetais de mener dans les maisons de jeunes. Le public à qui s’adressaient les ateliers a donc été adapté pour que ces derniers puissent avoir lieu par internet avec une série de volontaires. Le but reste le même : libérer la sensibilité et la créativité de chaque participant et mettre au point une méthode pour des ateliers ludiques avec les outils qui leur sont propres. Une fois la crise sanitaire passée, ces ateliers pourront, bien entendu, être présentés à des maisons de jeunes et constituer un outil commun.
Le projet
Deux ateliers en ligne ont été mis en place pour donner l’occasion à des personnes de touts horizons de s’exprimer à travers les mots des rappeurs préalablement choisis. Le but de ces ateliers, c’est de faire parler la sensibilité, l’interprétation personnelle des participants.
Chaque participation a donné naissance à une édition dont les visuels sont basés sur l’écho particulier que les textes ont eut sur chaque personne. Au total, cinq éditions ont été réalisées sur base des participations les plus abouties.
Vous trouverez dans chaque tome le résultat brut de l’intervention du participant sur le ou les textes qui l’ont le plus touché (chacun avait le choix entre « Mosaïque Solitaire » de Damso, « Fusil » de SCH, « Blanka » et « 91’s » de PNL). Pour le premier atelier, il a été demandé à chacun de barrer, surligner, entourer ou encore anoter les parties interpellantes des paroles de la chanson. Ensuite, il était demandé de choisir certaines punchlines et de les associer avec une émotion, un objet, un lieu et une couleur et, dans la mesure du possible, d’expliquer son choix. Les photos fournies pour cette deuxième étape ainsi que les témoignages ont été retravaillés dans le but de faire passer l’idée de résonnance et d’apporter une cohérence graphique à l’ensemble du travail.
Pour le deuxième atelier, l’intervention sur le texte est basée sur le ressenti du participant en fonction de l’aspect sonore de la chanson. Il a ensuite été demandé de choisir des passages de cette dernière et d’expliquer son ressenti, qu’il soit positif, négatif ou neutre. Celui-ci devait également être associé à un matériel visuel (une création personnelle, une photo, une oeuvre,…).
Participation de Zoé
Les livres ont une structure commune : il y a d’abord une présentation du travail, ensuite le premier atelier, puis le deuxième. Les deux ateliers commencent par l’intervention sur le texte. Le premier atelier est structuré en fonction des punchlines choisies. Chaque punchline est écrite sur une feuille de calque, suivie par des visuels provenant des photos fournies par le ou la participant(e) et agrémentée par les explications et les interventions sur le texte de ce dernier. Avant de passer à la punchline suivante, on peut trouver une page de la couleur associée à la phase et l’émotion s’y rapportant, avec un dessin de l’objet qui y est également associé. Dans le deuxième atelier se trouve une superposition de l’explication du ressentis du participant avec l’oeuvre qu’il ou elle a choisi. Chaque cassette présente sur la couverture des éditions représente le ou les textes choisis par le participant.
Participation de Sarah
Participation d’Alexia
Participation d’Isadora
Participation de Morgane
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier mes parents pour l’intérêt et le soutien dont ils ont fait preuve à l’égard de mon travail. Je souhaite aussi remercier les professeurs de Saint-Luc ayant suivi ce travail. Un grand merci également à chaque personne ayant pris le temps de participer à mes ateliers, sans leur implication ce travail n’aurait jamais vu le jour. Enfin, j’adresse un remerciement à mes amis pour l’aide et le soutien moral qu’ils m’ont apporté.
