« L’Anthropocène », cette nouvelle ère où l’homme impacte tellement son environnement que certaines répercutions sont irrémédiables. La venue des animaux sauvages dans nos villes, dans nos propres maisons est donc loin d’être anodine. Et le récent confinement n’a fait que renforcer cette idée que, lorsque l’homme n’est pas là, les souris dansent aussi … Ayant moi-même pu observer biches, renards, ou faisans juste derrière notre jardin (j’ose espérer que mon village ne soit pas si « paumé » que ça, à 10 minutes en voiture du centre ville) et ce bien avant la crise du Covid, c’est une foule de questions qui a émergé. D’où viennent-ils ? pourquoi sont-ils si proches de nous et pourtant si étrangers à la fois ? …

D’autres interrogations sont venues par la suite, faisant naître ce projet de fin d’étude « Liège, Faune Ardente » : Comment mettre en lumière nos voisins sauvages, auxquels nous prêtons si peu attention ? Comment sensibiliser la population citadine sur le fait qu’elle ne soit pas toute seule, même dans un environnement urbain ? Ces animaux, ces « commensaux » ont su plus ou moins s’adapter à notre propre mode de vie. Pourquoi ne pas observer le leur en retour, afin d’établir (de rétablir ?) une cohabitation équilibrée ?

Renard roux - Vulpes vulpes © caché. Source : Observations.be, Natagora, Natuurpunt et la Fondation "Observation International".

En Belgique, amateurs et professionnels recensent leurs observations de la faune et de la flore sauvage sur une plateforme en ligne « Observations.be », en collaboration avec Natagora, Natuurpunt,
et la fondation « Observation International ». Une base de données naturalistes riches et variées : photographies, observations, statistiques, recensements par sites, cartes, graphiques …
Une belle opportunité d’explorer l’univers de la data visualisation. Celle-ci est intéressante à travailler graphiquement et permet justement de créer un pont entre le langage scientifique (qui peut également être vulgarisé) et le grand public. Dans ce cas précis, la désinformation peut grandement nuire à la perception que nous avons de l’animal sauvage. Or le graphiste peut justement créer ce lien permettant la transmission des informations, même si elles peuvent paraître complexes.

Expérimentation de data visualisation : nombre d’observations animales en fonction des espèces et des provinces de Belgique, du 23.11.18 au 23.11.19. Données : observations.be

La data au service de l’information est une chose, mais comment transmettre ensuite cette information au public ? Plusieurs pistes ont été explorées : l’affiche, moyen de communication le plus répandu, sans grande originalité mais facilement accessible. Un ouvrage, une encyclopédie … qui recenserait un bon nombre des espèces présentes dans la cité ardente. Complète, sérieuse, mais vite désuète et inaccessible financièrement. Qui achèterait un livre à 60€ pour se sensibiliser lui même ? C’est alors que le fanzine est apparu comme un bon compromis : production économique, facilement distribuable, ancré dans l’actualité et donc évolutif, accessible pour le plus grand nombre, instaure une notion de périodicité et de collection.

Faune Ardente se développe donc à travers une série de fanzines mensuels, faisant découvrir tous les mois 1 espèce présente à Liège, dont on ne soupçonne pas forcément l’existence … Pourquoi viennent-il en ville ? Où vivent-ils ? Quels sont nos rapports avec cette espèce en particulier ? Comment la comprendre et l’observer à travers nos yeux de citadins ? Quelques questions auxquelles ce fanzine tente de répondre … La conception de ce format est pensée de manière économique afin que sa distribution puisse se faire à moindre coût (euro symbolique) voire gratuitement.

 

Liens vers pdf de consultation : 
n°1 Renard Roux – vulpes vulpes.
n°2 : Grand cormoran – phalacrocorax carbo.
n°3 : Chevaine – leuciscus cephalus.

Objet fini (idéalement) :
Format (ouvert) : 21×29,7cm
Reliure agrafée (agrafes « oméga »)
Papier : Nautilus Superwhite (recyclé) 135g/m²
Impression : risographie

3 premiers exemplaires de la série faune Ardente : Renard roux - vulpes vulpes (n°1), Grand cormoran - phalacrocorax carbo (n°2) et Chevaine - leuciscus cephalus (n°3).
Extrait du n°1 : Renard roux - vulpes vulpes.
Extrait du n°1 : Renard roux - vulpes vulpes.
Extrait du n°2 : Grand cormoran - phalacrocorax carbo.
Extrait du n°3 : Chevaine - leuciscus cephalus.
Visionnage du n°1 : Renard roux - vulpes vulpes. Mettre la vidéo en HD 1080p ;)

Les 12 fanzines de chaque année pourront être rangés dans un classeur dédié (d’où la reliure avec agrafes Omega). Ce classeur (avec rabat explicatif) permettra de mettre en avant l’esprit de collection ainsi que d’offrir un « bel » objet associé aux fanzines. Il rappellera également cet aspect de classification scientifique ou d’encyclopédie que l’on peut trouver dans certaines collections d’édition. Ainsi, les personnes qui se sentiront plus touchées par la thématique pourront s’investir d’avantage, contrairement à d’autres lecteurs occasionnels.

Classeur : 18x23,5cm ; Dos : 6x23,5cm ; Rabat : 6x23,5cm ; Anneaux doubles.

Une manière originale de lancer et d’annoncer la sortie de la collection du fanzine au public sera de projeter des vidéos au sein de la ville de Liège. Celles-ci représenteront plusieurs animaux sauvages présents dans la cité ardente, déambulant discrètement sur les murs des ruelles Liégeoises. Les impasses telles que celle des Ursulines, l’impasse de l’Ange, ou encore les rues Hors-Château, rue Pierreuse, les escaliers de Bueren sont des lieux de passages qui restent discrets, contrairement aux grandes places de la ville. Une manière d’intriguer et d’éveiller la curiosité des citadins, petits et grands, tout en annonçant l’arrivée du projet.

Références graphiques :
Studio Le3. Golden Tiger. Paris. 2011
Julien Nonnon. Safari Urbain. 2015

Faune Ardente - Projection urbaine : renard. 00:02 min.
Faune Ardente - Projection urbaine : sangliers. 00:15 min.

En plus des vidéos projetées, une signalétique urbaine permettra de tenir la population informée de leurs voisins sauvages. Une signalétique participative où les habitants pourraient y recenser les animaux qu’ils voient en y bombant au sol les silhouettes des animaux observés, à l’aide de pochoirs distribués avec les fanzines. Ou encore, dans la mesure où la ville de Liège ne serait pas enchantée par cette initiative de graffitis sauvages, mettre à disposition des autocollants plus discrets, également distribués en même temps que les fanzines. C’est une manière là aussi de faire participer les grands comme les petits, pourquoi pas lors d’une balade en famille ou en allant à l’école, emmener quelques autocollants à coller le long du chemin.

Bien que le Covid ait empêché toute présentation physique des jurys, je souhaitais tout de même imaginer la scénographie au mieux. Celle-ci présenterait les 3 premiers numéros de la collection ainsi que le classeur les accompagnant, les vidéos projetées dans les ruelles de Liège, ainsi qu’un papier-peint géant représentant la photo d’un animal prise en pleine observation. Une immersion dans le monde animal.

Ce projet de sensibilisation a été pensé avec le but premier d’informer et de renseigner les habitants sur la présence d’animaux sauvages dans la ville. Mais aussi dans le but d’inciter les gens à davantage observer les êtres vivants qui les entourent. Une fois ce travail de communication débuté, Faune Ardente pourrait prendre une toute autre ampleur. D’abord, chaque ville étant unique avec son histoire, ses habitants, son rythme de vie, ce système de fanzine pourrait aisément s’adapter à d’autres villes. De plus ce principe de découverte pourrait tout aussi bien s’appliquer à la flore citadine, pour les mordus de botanique. Ensuite, il ne serait pas impensable d’aller au delà de l’édition. Par exemple, une fois les adultes sensibilisés au phénomène, organiser des balades avec des enfants que l’on initierait à l’observation de la faune et de la flore. Observations ensuite retranscrites lors d’ateliers graphiques, l’occasion pour eux de concevoir leur propre carnet d’observation. Etc.

Au fil du temps je me suis rendue compte que ce projet de fin d’étude pouvait être le commencement d’autres projets graphiques à naître, une fois les Liégeois « responsables » (adultes) sensibilisés à ce phénomène. La perspective d’ateliers créatifs, en plus de la signalétique participative déjà instaurée, serait une réelle opportunité pour une éventuelle collaboration scientifique et graphique au sein de la ville de Liège.